vendredi 10 juin 2016

Nuit de septembre, Angélique VILLENEUVE



Quatrième de couverture :

« Une nuit, ton fils s’est tué dans sa chambre, au premier étage de votre maison. Au matin à huit heures, avec son père tu l’as trouvé.
Depuis, à voix basse, tu lui parles. Tu lui demandes s’il se souvient.
La mer étale à huit heures du soir, les talus hérissés d’iris, les pierres de la cour tièdes sous la peau du pied, les filles dont les yeux sourient, toutes les choses belles et la lande silencieuse.
Tu espères tant qu’il est parti gonflé d’elles. Mais comme tu n’es pas sûre qu’en aide, en ailes, ces choses lui soient venues cette nuit-là, tu les lui donnes par la pensée, la respiration, le murmure. »

160 pages, Éditions Grasset, mars 2016



Ce que j’ai pensé de cette lecture :

La perte d’un enfant, voici la terrible épreuve à laquelle Angélique Villeneuve a dû se soumettre. Mariée, mère de deux filles et d’un fils, elle a retrouvé ce dernier pendu dans sa chambre par un matin de septembre. Un matin lors duquel tout a basculé, où sa vie a irrémédiablement changé. Qui est-elle maintenant ? Un enfant sans parent est un orphelin, mais perdre la chair de sa chair est une situation tellement anormale qu’il n’y a pas de mot à mettre sur cette tragédie dans la langue française. Des raisons pour lesquelles son fils a décidé de mettre fin à ses jours, nous ne saurons rien ; l’auteur estime que cette histoire ne lui appartient pas. Ce qu’elle va coucher sur papier, c’est sa vie d’après, emplie de l’absence de cet être qu’elle aimait tant, et de la nécessité de se reconstruire malgré tout.

Nuit de septembre est un ouvrage assez déstabilisant, puisque, par le procédé narratif en place, le lecteur ne peut que se sentir concerner. Bien évidemment, la douleur ressentie par cette mère est inimaginable, mais l’on en a un aperçu, car nous avons l’impression qu’elle s’adresse à nous. En effet, elle raconte sa propre histoire en s’interpellant elle-même par le recours au pronom personnel « tu ». Ainsi, nous pouvons par exemple lire : « Tu t’es posé cette question-là. Tu as dit que tu ne savais pas si, encore, tu pouvais dire, j’ai un fils. »

Dans ce récit autobiographique, point de passage larmoyant. Le propos est avant tout la reconstruction de cette mère brisée, qui doit parvenir à continuer malgré tout, car elle a deux filles et un mari qui l’aiment et qui ont besoin d’elle. Sa passion pour l’écriture lui est sans doute salutaire, et bien que l’on ne doute pas une seule seconde de la souffrance abominable qui l’accompagne au quotidien, même si le deuil qu’elle doit faire est impossible à surmonter, il y a beaucoup de grandeur dans cette femme. Elle ne désire pas cacher les faits, elle ne veut pas passer des mots sous silence, que les gens autour d’elle s’empêchent d’employer certains termes en sa présence.

Les chapitres, qui n’en sont pas vraiment, sont très courts (une ou deux pages généralement) et on découvre ainsi les petits pas qu’elle fait chaque jour pour aller de l’avant, même si parfois, elle aura davantage l’impression de faire marche arrière. Les premières fois depuis que son garçon n’est plus, une discussion avec une commerçante, les idées qui lui viennent lorsqu’elle voit un adolescent faire du skate… La plume est juste, aucune fausse note ici, mais surtout – et avant tout – beaucoup de respect et de pudeur pour cet enfant qui n’est plus, mais également pour sa famille. En effet, elle ne dévoile jamais l’identité de son époux ni de ses filles, et le prénom de son fils n’est connu du lecteur que dans les dernières pages. Nuit de septembre est à n’en point douter un très bel ouvrage qui, malgré tout, est d’une certaine façon porteur d’espoir.


8 commentaires:

  1. C'est un sujet vraiment délicat mais qui peut etre très intéressant. Rien qu'à lire ton avis je sais que ça sera quelque chose de très poignant. Le style du récit doit encore plus nous plonger dans les sentiments avec la présence du 'tu'...

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  2. Pas pour moi en ce moment mais c'est un livre que je lirai un jour... merci pour cette chronique très engageante

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  3. Un roman émouvant que j'aimerais beaucoup lire :)

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  4. Un sujet sensible... Je ne connais pas du tout ce livre.
    Bon weekend.

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  5. Merci Anne Sophie de votre belle lecture, je suis très touchée.
    angélique

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  6. Merci Anne Sophie de votre belle lecture, je suis très touchée.
    angélique

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  7. Le sujet a l'air délicat, mais ce que tu en dis m'interpelle beaucoup. Pourquoi pas me laisser tenter!

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  8. Pas un livre qui m’intéresse en ce moment mais je le met dans ma WL

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