Quatrième de couverture :
« Son sourire aujourd’hui me donne envie de découvrir le monde. Elle oublie, je le vois, l’échéance des trois jours. Elle oublie que le temps est compté elle oublie l’ombre et son murmure.
Il fait doux, Nice ouvre ses cadeaux. Il n’y a personne dans les rues. Je marche, enveloppée dans un caban trop large. Je ne pense qu’à ma mère. Je sais que la parenthèse se referme sur nous. Ma promenade, au gré du vent, au gré de rien, me conduit dans un joli jardin. Je m’assieds sur un banc, déboutonne mon manteau. Je respire. Trois pastels et mon carnet vont immortaliser le bleu, le vert et l’ocre.
C’est alors que je remarque cet homme. Il est là tout près, assis sur un banc. Il me regarde. Il se lève. Vient vers moi. »
144 pages, avril 2016, Éditions Grasset
Ce que j’ai pensé de cette lecture :
À la veille de Noël, Jeanne part avec sa mère et sa
grand-mère en direction de Nice. Cette jeune femme de vingt-cinq ans tente
ainsi de répondre aux derniers souhaits de sa mère, puisque ses jours sont
comptés. Atteinte d’un cancer, elle a eu beau essayer tous les traitements
possibles – même des médicaments encore en phase de test – elle est perdue, et
son quotidien n’est plus qu’une souffrance aussi interminable qu’abominable. Jeanne
exauce par ce geste le dernier souhait de celle qui lui a donné la vie. En
parallèle, il y a Gabriel, marié, père de deux jumeaux, mais qui n’est pas
heureux . Sa relation avec ses enfants est très difficile, car ils lui
reprochent ses absences et son manque d’intérêt envers eux, alors que son
épouse n’occupe plus vraiment cette place dans sa vie, puisqu’elle s’est
cantonnée à son rôle de mère et d’artiste peintre. Et grâce au hasard, les
chemins de Jeanne et de Gabriel vont se croiser.
La construction narrative du Sommeil le plus doux est particulièrement originale et nous offre
une approche très intéressante du récit. Alors que Jeanne nous relate son
histoire au présent, avec l’émotion propre à ce qu’elle vit, ses
questionnements et ses peurs quant au futur, Gabriel nous relate cela au passé,
de nombreuses années plus tard, avec un certain recul sur la situation. Par
ailleurs, Gabriel est bien plus âgé que notre héroïne, puisque l’on sait qu’il
pourrait être son père. Ils n’ont donc pas la même expérience de l’amour – lui,
père de famille ; elle, qui n’a jamais eu de petit ami –, et ils nous
proposent des interprétations différentes de leur relation.
La perte de sa mère imminente à laquelle Jeanne tente de se
préparer est particulièrement émouvante à lire. D’ailleurs, cette femme aux
portes la mort explique à son enfant ce que sera sa vie lorsqu’elle sera
partie, et qu’elle n’aura plus personne à appeler maman, « Deux syllabes
si bêtes quand elles sont là, tout prêt. Deux syllabes interdites, comme ça, en
moins de temps qu’il n’en faut pour mourir ». Mais c’est avec beaucoup de
force et d’amour que Jeanne sera présente pour sa mère jusque dans son dernier
sommeil. Le tout est porté par une écriture très poétique. Lors du dîner du
réveillon de Noël de Gabriel et de sa famille, ses mots m’ont particulièrement
plu : « Une table trop garnie, et des sourires absents qui sont bien
plus difficiles à gérer que l’absence de sourire ».
Malheureusement, j’ai été très déstabilisée par la fin de
l’ouvrage, remettant en question la présence d’un personnage : était-il
réellement là où Jeanne percevait-elle un fantôme ? À moins que ce fût le
produit de son imagination ? De plus, le dernier chapitre est très vite
expédié, passant très rapidement sur l’apprentissage de la nouvelle vie de
Jeanne, une fois que sa maman n’est plus. J’aurais aimé en savoir davantage,
qu’Anne Goscinny prenne le temps de nous expliciter les faits, car tout nous
est livré « en bloc », et j’ai l’impression de ne pas avoir tout
saisi.
Encore un inconnu pour moi.
RépondreSupprimerIl y en a tant !
Bon dimanche.
Comptes-tu le faire passer des inconnus aux connus ?
SupprimerBonne journée :)
Ce livre me tente bien :)
RépondreSupprimerJ'espère qu'il te plaira si tu te lances dans l'aventure :)
SupprimerMince pour la fin. C'est dommage, le schéma narratif avait l'air plutôt bien mené.
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