mardi 31 mai 2016

Parmi les dix milliers de choses, Julie PIERPONT





Quatrième de couverture :

Dans la famille Shanley : Jack, charmeur impétinent, est un artiste reconnu ; Deb a renoncé quant à elle, avec une certaine allégresse, à une carrière se danseuse de ballet pour élever leurs deux enfants. Un appartement à Manhattan, une famille presque heureuse tant Deb s’applique à fermer les yeux sur les infidélités de son mari. Jusqu’au jour où un paquet anonyme ébranle le foyer : une simple boîte en carton, remplie d’emails chroniquant sans pudeur la vie secrète de Jack. Le paquet, adressé à Deb, tombe malencontreusement entre les mains des enfants. Rien ne sera plus comme avant…

324 pages, Éditions Stock, janvier 2016.



Ce que j’ai pensé de cette lecture :

Un matin, Deb reçoit un carton contenant les échanges de Jack, son mari, avec sa maîtresse. Cette dernière a souhaité se venger de son amant et faire éclater leur relation au grand jour. Mais ce qui n’avait pas été prévu, c’est que Simon et Kay (quinze et onze ans), les enfants du couple, tombent sur ce paquet et lisent cette prose édifiante. Simon est immédiatement dans une colère noire contre son père, n’hésitant pas à clamer au voisinage que ses parents vont entreprendre les démarches nécessaires au divorce. Kay est plus en retrait, ne comprenant pas le sens des mots qui sont employés, et les utilise à son tour, ce qui la fait passer pour ce qu’elle n’est pas. Deb, quant à elle, est impuissante. Elle était au courant de la relation extraconjugale qu’entretenait Jack, et avait choisi de fermer les yeux jusqu’alors. Mais maintenant que sa progéniture sait tout, il va falloir agir...

Je trouvais l’idée de base vraiment intéressante : découvrir comment peuvent être impactés les enfants par les erreurs de leurs parents. Comment grandir au sein d’une famille qui se déchire ? Quelles décisions prendre pour l’épouse trahie, qui est aussi une mère ? Doit-elle penser à ce qu’il y a de mieux pour elle, ou à ce qui est préférable pour les enfants ? Et le père dans tout ça, qui a failli à son engagement, comment parvient-il à vivre avec le poids de sa famille brisée sur la conscience ? Cet ouvrage qui est construit en quatre parties nous offrait un début prometteur. L’accent était mis sur les ressentis et la psychologie des personnages.

Malheureusement, à compter de la seconde partie, les choses se gâtent, et à mon sens, l’ouvrage perd clairement de son intérêt. On n’est plus du tout dans quelque chose ayant trait à la psychologie et à la capacité des protagonistes à vivre après un évènement choquant, mais nous tombons dans un livre appartenant au genre chick lit, porté par une écriture fluide. Les personnages sont alors devenus fades, et ce qui pouvait leur advenir m’a beaucoup moins intéressée. Je n’ai rien contre ce genre de littérature, mais dans le cas présent, j’attendais autre chose que de découvrir les vacances de cette famille et les premiers émois amoureux de Simon.

Je n’ai pas été particulièrement séduite par les personnages, et pour la plupart, j’ai eu plus d’une fois envie de leur mettre des gifles. Le père, qui brise son foyer, la mère, qui est perdue et semble incapable de prendre une décision, le fils, qui joue les adultes… Finalement, c’est peut-être la fillette de onze ans la plus mature de tous. Je dois reconnaître que j’ai plusieurs fois envisagé d’abandonner cette lecture, mais je l’ai poursuivie, espérant que j’allais retrouver ce qui avait éveillé mon intérêt dans le premier quart du roman… en vain. Je suis un peu déçue de la tournure qu’a prise Parmi les dix milliers de choses, car ce récit avait un réel potentiel.


vendredi 27 mai 2016

Bellevue, Claire BEREST





Quatrième de couverture :

Alma se réveille à quatre heures du matin. Dans un hôpital psychiatrique. Deux jours plus tôt, elle fêtait ses trente ans. Écrivain prometteur, Alma est une jeune Parisienne ambitieuse qui vit avec Paul depuis plusieurs années ; tout lui sourit. Et, d’un coup, tout bascule. Son angoisse va l’emporter dans une errance aussi violente qu’incontrôlable et la soumettre à d’imprévisibles pulsions destructrices. Que s’est-il passé pendant ces quarante-huit heures ?

198 pages, Éditions Stock, janviers 2016



Ce que j’ai pensé de cette lecture : 

Alma est internée dans un établissement psychiatrique, au sein duquel on lui administre des médicaments à haute dose. Elle vient de fêter ses trente ans, de tromper Paul, son compagnon, avec un auteur qui a remporté le prix de Flore, et semble décidée à tout envoyer valser. Dépressive – ou tout du moins victime de terribles crises d’angoisse –, elle paraît éprouver le besoin de se faire du mal physiquement, comme si elle souhaitait que le monde entier soit témoin de sa souffrance intérieure. Par le biais d’une narration alternant entre les moments à l’hôpital et ceux ayant précédé cet internement, nous allons découvrir les différents concours de circonstances qui ont conduit Alma dans ce centre psychiatrique.

Tout d’abord, il faut insister sur l’écriture de Claire Berest. Plus encore que le récit qu’elle nous propose, j’ai beaucoup aimé son style, ses phrases longues, mais hachées par la ponctuation, qui traduisent un sentiment d’essoufflement. À travers la narration, on sent qu’Alma perd pied, que nous sommes dans une écriture de l’urgence, qu’elle doit en dire le plus possible et le plus vite possible. C’est le premier roman que je lis de cet auteur, et dès les premières pages, j’ai su que j’allais apprécier la façon dont elle emploie la langue de Molière.

Dans Bellevue, l’écrivain s’intéresse à un grand nombre de thématiques : l’angoisse, la perte de repères, la remise en question quant à savoir qui on est et ce que l’on veut, la folie, la carrière, mais il est aussi question d’amitié, d’amour, de sexe (c’est pourquoi ce livre n’est pas à mettre entre toutes les mains), ou encore de littérature. Ainsi, Claire Berest imagine un prix littéraire lors duquel le jury voterait pour des ouvrages en ignorant tout de l’identité des auteurs. Alma, qui a publié un premier roman, fera d’ailleurs la rencontre d’un éditeur vouant un véritable culte à Julien Gracq, qui avait décliné le prix Goncourt qui lui avait été décerné.

Au fur et à mesure que nous tournons les pages, nous plongeons toujours davantage dans l’enfer d’Alma, qui semble glisser vers la folie. Les passages à l’hôpital nous présentent une femme fragile, peu sûre d’elle, diamétralement opposée à celle qui est prête à sauter sur le premier venu, qu’il soit son futur éditeur ou un inconnu rencontré dans un bar. L’auteur n’hésite pas à employer des mots crus, insistant ainsi davantage sur le mal-être de son héroïne, en « choquant » le lecteur par le recours au vocabulaire utilisé. Bellevue est donc un récit que l’on pourrait qualifier de dur, mais surtout un ouvrage très intéressant de par la variété des thèmes abordés et la façon dont ils sont développés. 


mardi 24 mai 2016

Cantique de l'assassin, Guillaume PRÉVOST



Quatrième de couverture :

Printemps 1920. Un prêtre est retrouvé sauvagement assassiné au Sacrificateur, à Montmartre, le cœur arraché, affublé d’une croix et d’une couronne d’épines. Quelques jours plus tard, un deuxième prêtre est tué selon le même rituel macabre à Carcassonne. Pour démasquer le meurtrier, c’est le secret de sa propre histoire que François-Claudius Simon, l’ancien orphelin devenu l’un des plus brillants policiers de sa génération, va devoir percer. Un secret douloureux qui va le plonger au cœur d’une des plus grandes affaires du début du XXe siècle : celle de l’abbé Saunière, petit curé de campagne devenu richissime après avoir découvert un inestimable trésor dans son église. Entre mythe et réalité, la nature de ce trésor fascine et divise aujourd’hui encore historiens, chercheurs et passionnés d’ésotérismes.

368 pages, Éditions Nil, avril 2016



Ce que j'ai pensé de cette lecture :

Un meurtre abject a été perpétré à Paris, dans l’enceinte même de la maison de Dieu. Un prêtre a été torturé puis tué en suivant une macabre mise en scène. Plus troublant encore, parmi les noms de personnes inscrites sur les registres du Sacré Cœur, lieu du crime, figure l’identité de François-Claudius Simon, l’inspecteur qui va se voir confier l’enquête. Pourquoi avoir associé cet homme à cet acte de barbarie ? Que peut bien lui vouloir l’assassin ? Alors qu’il se lance dans ces investigations, il ne tarde pas à s’apercevoir que ses proches ont sans doute un lien avec tout ceci, et en particulier sa mère. Cette dernière l’avait abandonné quand il n’était qu’un enfant et se retrouve désormais dans un institut psychiatrique, car elle a totalement perdu l’esprit suite à un traumatisme. Or, il se pourrait que ce choc survenu plusieurs années auparavant ait un lien avec l’affaire que notre policier doit résoudre…

C’est un ouvrage plein de rebondissements, avec une tension présente tout au long de la lecture que nous offre ici Guillaume Prévost. Celui-ci est porté par des personnages hauts en couleur : un assassin mystérieux qui semble vouloir faire tourner en bourrique notre inspecteur ; Judith, la fille de joie ; Mado, l’épicière pour laquelle François a une réelle affection, celle-ci étant un peu comme une seconde mère pour lui ; des ecclésiastiques qui cachent un secret qui pourrait bien bouleverser la chrétienté, et plus précisément les Évangiles. Mêlant une intrigue policière à des faits historiques, l’auteur nous plonge dans le Paris des années 1920, puis nous fait voyager à travers la France et l’Europe, à la rencontre d’individus marqués par la Première Guerre mondiale. Il y a d’ailleurs beaucoup de petites gens entre ces pages, et de lourds secrets. Quant au lecteur, il ne pourra que saluer le niveau de langue du récit ainsi que les recherches faites en amont.

Il s’agit ici du cinquième tome d’une série, mais même si j’ignore de quoi il est question dans les opus précédents, cela ne m’a aucunement posé problème. Cependant, je dois reconnaître qu’il m’est parfois arrivé de décrocher quelque peu lors de ma lecture de Cantique de l’assassin. Il se passe énormément de choses au cours de l’intrigue, et il m’est donc arrivé de perdre le fil. Il y a en effet beaucoup de personnages et de faits à appréhender. Néanmoins, il s’agit d’un bon roman policier qui ravira les fans du genre !