samedi 30 janvier 2016

Le Joli Mois de mai, Émilie DE TURKHEIM



Quatrième de couverture :

En ce joli mois de mai, Monsieur Louis repose sous un arbre, une balle de fusil dans la gorge. Par testament, il lègue sa maison de campagne – qu’il avait transformée en hôtel pour chasseurs – et l’ensemble de ses biens à cinq de ses anciens clients. Venus de la ville, les héritiers sont réunis autour d’Aimé, l’homme à tout faire de la maison, simplet mais pas si naïf qu’il en a l’air. On attend alors le notaire… qui n’arrivera jamais. Un couple véreux, un inspecteur de police, un militaire et un tenancier de bordel homosexuel : ces convives n’ont-ils que le seul appât du gain pour point commun ?

128 pages, Le Livre de Poche, janvier 2014



Ce que j’ai pensé de cette lecture : 

M. Louis étant décédé, Aimé, son valet de pied, se voit attribuer la lourde tâche d’en informer ses cinq héritiers et de les loger dans l’attente du notaire. Aidé de Martial, son comparse plus âgé qui est totalement défiguré, ils vont tout préparer dans la maison de campagne de M. Louis, où ils vivent encore en compagnie du chat Grin en attendant de savoir ce que les futurs propriétaires feront d’eux. Ils se doivent d’accueillir au mieux leurs convives qui viennent de Paris et de ses alentours, et qui exercent dans des corps de métiers tous plus différents les uns que les autres. Cependant, tout ne va pas se dérouler comme prévu, loin de là, et il se pourrait bien qu’ils ne soient pas totalement en sécurité dans ce logis.

Tout d’abord, il faut souligner l’originalité de la narration de l’ouvrage. En effet, Aimé s’adresse directement au lecteur, et le fait même participer par le biais de petites remarques comme « Je dois vous dire que », « Si vous voyez ce que je veux dire », ou encore « Je vous dirai plus tard pourquoi. » Nous avons donc l’impression d’avoir notre place dans le récit, et cela offre de surcroît une certaine proximité avec Aimé, un personnage teinté d’humour pour lequel nous sommes tentés de prendre parti. Il nous relate les faits dans un français assez mal maîtrisé, qui m’a quelque peu déstabilisée au début de ma lecture. Il écrit par exemple : « Le premier qu’a descendu l’escalier c’est le policier qu’a pris sa retraite, mais qu’a gardé son air policier. » Cependant, je m’y suis assez rapidement habitué, et cette façon de parler fait finalement tout le charme d’Aimé.

Le Joli Mois de mai est presque un huis clos, dans lequel Aimé va donc nous faire part de la venue des fameux héritiers qui n’attendent qu’une chose : que le testament ait été lu et exécuté afin de pouvoir repartir et passer à autre chose. En effet, lesdits invités ne semblent pas être extrêmement éprouvés par la mort de M. Louis, mais bien davantage intéressés par l’héritage à se partager. Aimé va entrecouper son récit de passages plus personnels, dans lequel il va se livrer au lecteur qui fait ici office de confident. Il parlera donc de Martial, pour lequel il fait preuve d’une réelle bienveillance, mais aussi de sa vie passée, lors de laquelle il fut entouré de M. Louis et de Lucette.

Aimé pourrait parfois paraître un peu simple. En effet, de par ses remarques, on peut s’apercevoir qu’il est assez peu cultivé. C’est un homme de la terre, tout comme Martial, et tous deux surnomment les cinq Parisiens les têtes de chien. Néanmoins, une réelle humanité abonde de ses réflexions. Martial parle très peu et est plus effrayant qu’autre chose à cause de son apparence – et les invités feront à son propos des remarques abjectes –, mais cela n’empêche pas Aimé de s’occuper de lui et de le protéger. Quant à la fin du Joli Mois de mai, je la qualifierai ainsi : absolument inattendue ! 

Le Joli Mois de mai fut une lecture commune avec Fanny, et je vous invite à aller découvrir son avis.


mercredi 27 janvier 2016

Un père et passe, Christophe CARRIÈRE




Quatrième de couverture :

Placé en nourrice depuis son plus jeune âge, William Carbonnier vit une enfance heureuse et choyée auprès de celle qui lui tient lieu de maman. Tout bascule à l’âge de neuf ans, lorsque ses parents biologiques décident de le reprendre avec eux. Or, non seulement sa mère est incapable de lui témoigner la moindre affection, mais son père se révèle être un manipulateur abusif, au passé – et au présent – des plus troubles. Cet homme si charismatique d’apparence est en réalité un pervers qui exerce sur son fils une pression psychologique proche de la torture mentale.
Mais porté par un redoutable optimisme, William n’en est pas moins déterminé à être heureux. Et sa passion pour le cinéma, de singulières expériences, ou encore de belles rencontres pourraient bien lui permettre de se libérer de cette emprise toxique et de faire face à la révélation de secrets infamants… 

270 pages, Éditions Michel Lafon, mai 2015



Ce que j'ai pensé de cette lecture : 

Dans Un père et passe, nous faisons la connaissance de William Charbonnier, né dans une famille peu aimante qui préfère le confier à un couple en nourrice – enfin, ils sont un peu plus que ça, car ils s’occupent de lui tout le temps, sauf un week-end par mois pendant lequel Danièle et Roger, les parents de William, viennent le chercher. Mais alors qu’il n’a pas dix ans et qu’il coule des jours heureux dans cette famille adoptive, Danièle débarque et lui annonce qu’il va désormais vivre avec eux. C’est pour lui le début de l’enfer : après un quotidien choyé, il devient l’objet de brimades de la part de Roger, qui déploie le plus clair de son temps à le rabaisser, à lui infliger des tortures morales et physiques… Mais malgré tout, William parvient à se construire tant bien que mal grâce à sa passion pour le cinéma.

Je connaissais Christophe Carrière en tant que chroniqueur de l’émission Touche pas à mon poste, et lorsque cet ouvrage est sorti, j’étais curieuse d’en apprendre davantage sur lui, d’autant plus qu’Un père et passe nous est présenté comme en partie autobiographique. J’étais très loin de m’imaginer la plume qui se cachait derrière ce nom. J’ai été très agréablement surprise : il manie la langue à merveille et lire ce récit fut un vrai plaisir.

Le petit William mène une vie vraiment peu enviable. En effet, son père lui inflige torture sur torture. À titre d’exemple, alors que Roger tenait une scie et notre personnage principal une branche, l’objet tranchant dérape. Cet être abominable décrète bien évidemment que tout est la faute de son idiot de fils, et après lui avoir consolidé le doigt avec du scotch et l’avoir conduit chez le médecin de le proche, lorsque ledit docteur annonce que William ne retrouvera sans doute pas toute sa mobilité, Roger rétorque que ce n’est pas grave, que son enfant ne comptait de toute façon pas devenir pianiste. Mais ce n’est pas tout : il n’hésitera pas à voler celui dont il prétend être le père, à lui causer du tort, à le déscolariser, le tout devant une mère qui préfère rester une simple spectatrice silencieuse… Et encore, William est bien loin de se douter de la vérité. Néanmoins, il garde la foi en l’homme et en ses rêves.

Au fil du début de sa vie (le livre s’arrête alors que William doit avoir entre vingt-cinq et trente ans), le narrateur rencontrera diverses personnes qui l’aideront, ou au contraire le blesseront. Mais tout cela le rendra plus fort, et il répond à l’absurdité de ce qui l’entoure par des références cinématographiques – référence que la plupart sont loin de comprendre. Je referme Un père et passe avec une certaine admiration pour Christophe Carrière, non seulement en tant qu’auteur, mais surtout en temps qu’homme, et je me demande quelle est la part de fiction de ce récit. 


samedi 23 janvier 2016

Nymphéas noirs, Michel BUSSI




Quatrième de couverture :

Le jour paraît sur Giverny. Du haut de son moulin, une vieille dame veille, surveille. Le quotidien du village, les cars de touristes... Des silhouettes et des vies. Deux femmes, en particulier, se détachent : l’une, les yeux couleur nymphéa, rêve d’amour et d’évasion ; l’autre, onze ans, ne vit déjà que pour la peinture. Deux femmes qui vont se trouver au cœur d’un tourbillon orageux. Car dans le village de Monet, où chacun est une énigme, où chaque âme a son secret, des drames vont venir diluer les illusions et raviver les blessures du passé...

504 pages, Éditions Pocket, septembre 2013



Ce que j’ai pensé de cette lecture : 

À Giverny, le village où vécut Claude Monet et où il réalisa ses fameux Nymphéas, un meurtre a été commis. Jérôme Morval a été la cible d’un assassinat d’une grande violence. Parmi les habitants de cette ville normande très proche de la région parisienne, Michel Bussi va s’intéresser tout particulièrement à trois femmes : Fannette, une fillette de onze ans qui paraît avoir un don pour la peinture, Stéphanie, l’institutrice de trente-six ans, et une personne âgée de plus de quatre-vingts ans qui semble passer le temps en épiant les habitants de la commune. Depuis les rues de la ville jusqu’aux magnifiques jardins de Monet, et avec la présence d’un inspecteur venu du sud de la France, un certain Laurenç Sérénac, nous allons tenter de dénouer les fils du mystère…

Tout d’abord, j’ai beaucoup aimé la multiplicité des points de vue et les choix narratifs. Avec la vieille femme (dont on n’apprend le nom qu’à la fin de l’ouvrage), nous sommes en focalisation interne. Elle nous relate l’histoire et s’adresse directement au lecteur, l’interpellant parfois, et donnant un sentiment de vraisemblance au récit. Il y a aussi Fannette, cette préadolescente dont on connaît les pensées, et qui va tenter de toucher ses rêves du bout des doigts. Stéphanie est sans aucun doute très cultivée et ne laisse pas notre inspecteur indifférent, Laurenç, qui se demande bien dans quel guêpier il s’est fourré et comment il va faire pour parvenir à trouver le fin mot de l’histoire. D’autres personnages gravitent autour d’eux, mais ce sont réellement eux quatre le noyau du présent récit.

J’ai beaucoup aimé partir dans les jardins de Giverny, dans cet univers pictural. Nous avons vraiment le sentiment d’y être, car Michel Bussi nous décrit parfaitement ce village, et le lecteur a ainsi l’impression de marcher sur les pas de Claude Monet, d’Auguste Renoir, et découvrir Nymphéas noirs m’a donné envie de me pencher davantage sur leurs œuvres. L’écriture de Michel Bussi est d’ailleurs très agréable, et les courts chapitres nous permettent une alternance des protagonistes mis en scène, et ainsi de ne pas nous ennuyer au long de ces presque 500 pages que l’on ne sent pas passer.

Quant à l’intrigue policière, je préfère vous en dire le moins possible pour ne pas gâcher l’effet de surprise. Je dirai simplement que j’ai été totalement bluffée en connaissant le fin mot de l’histoire, et que l’auteur m’a bien bernée. Jamais je n’aurais pu imaginer cela, et une fois le livre fini, j’ai presque eu envie de recommencer depuis la première page afin de percevoir ce récit sous un autre angle. Du grand art !

Nymphéas noirs fut une lecture commune avec Kreen, et je vous invite à aller découvrir son avis.


dimanche 17 janvier 2016

Le Prophète, Khalil GIBRAN




Quatrième de couverture : 

Après douze ans d’exil, son navire est enfin arrivé. La mer l’appelle. Bientôt, Almustafa reverra son île natale. Mais il ne quittera pas la cité d’Orphalèse sans dispenser à son peuple les enseignements de sa profonde sagesse. Chercheur d’absolu, il se fait poète et prophète, à l’heure du départ. Amour, mariage, liberté, travail, mort... « Ce qui bouge en nos âmes » n’a pas de secret pour lui, qui connaît les rêves du vent et le cœur de Dieu.
Joignons-nous au peuple d’Orphalèse. Et tendons l’oreille...

96 pages, Éditions Pocket, septembre 2012



Ce que j’ai pensé de cette lecture :

Ce très court ouvrage débute par l’arrivée du navire d’Almustafa, qui quitte ainsi Orphalèse après y avoir vécu une douzaine d’années. Au moment de son départ, toute la ville se réunit pour le saluer, et les uns après les autres, les habitants demandent à notre sage son avis sur plusieurs thèmes qu’il va développer. Il y sera notamment question d’amour, de loi, de liberté, de don, de propriété, de joie et de tristesse, etc. Les grands sujets chers à la philosophie y seront donc abordés, avant que le personnage principal ne prenne la mer en laissant le peuple d’Orphalèse – et le lecteur – méditer sur ses propos.

Ce texte est très beau, tant dans le fond que dans la forme. Khalil Gibran, auteur libanais du début du XXe siècle, nous offre ici un ouvrage court, mais très riche. En effet, le but du livre est de parler de « ce qui existe entre la naissance et la mort », et les très nombreux thèmes sont traités avec beaucoup de poésie. Il y prône d’ailleurs des valeurs universelles. Je pense avoir fait une erreur en découvrant Le Prophète : je l’ai lu d’une traite. Après réflexion, il aurait été préférable de me contenter de deux ou trois chapitres par jour, car en le lisant tout d’affiler, j’ai parfois ressenti un certain ennui. C’est un ouvrage qui nécessite beaucoup de concentration, il faut savourer chaque mot, le sens de chaque phrase, et j’ai sans doute perdu un peu de son essence. 

Parler de ce livre est assez difficile, et je crois que le mieux est de citer quelques extraits. À propos de l’amour, il écrit : « L’amour ne possède rien et ne saurait être possédé. » Au sujet du don, il est dit : « Vous donnez peu quand vous donnez vos biens. C’est en donnant de vous-mêmes que vous donnez vraiment. » Lorsqu’il aborde la question de travail, il livre sa pensée en ces termes : « Quand vous travaillez, vous êtes une flûte qui transforme le murmure des heures en musique. » Il explique également « qu’hier est la mémoire d’aujourd’hui, demain le rêve d’aujourd’hui. » Enfin, il définit le plaisir de la façon suivante : « Le plaisir est un chant de liberté. Mais pas la liberté. Il est la fleur de vos désirs. Mais pas le fruit. »

Le Prophète fut une lecture commune avec Kidae, et je vous invite à aller découvrir son avis.


jeudi 14 janvier 2016

Pourrie gâtée, Kate BRIAN




Quatrième de couverture :

Pour ses seize ans, l’insupportable Teagan a organisé LA fête de l’année : luxe provocant, champagne à gogo et célébrités sont au programme. Mais soudain la fête tourne au cauchemar : en descendant l’escalier, Teagan trébuche sur une marche et perd confiance.
Dans un monde parallèle, elle découvre sa vie sous un tout autre jour et réalise qu’elle est pourrie gâtée. À son réveil, reprendra-t-elle un nouveau départ ?

292 pages, Éditions Pocket Jeunesse, février 2008



Ce que j’ai pensé de cette lecture :

Au début de Pourrie gâtée, nous faisons la connaissance de Teagan, orpheline de mère, qui s’apprête à organiser une somptueuse fête pour ses seize ans. Rien n’est trop beau pour cette jeune peste qui se pense vraiment au-dessus du lot. Elle est vraiment insupportable et détestable, prend tout le monde de haut… Bref, elle est tout à fait haïssable. Jusqu’au moment où, lors de la fameuse soirée (au cours de laquelle elle est tout particulièrement odieuse), elle glisse dans un escalier et s’évanouit. Elle plonge dans une sorte d’univers parallèle et découvre le mal que peut faire son attitude à ceux qui l’aiment, mais surtout que la vie n’est pas que superficialité !

C’est tout à fait le type de livre « détente » où l’on sait déjà en l’ouvrant que ce ne sera pas un chef d’œuvre avec des réflexions philosophiques hyper poussées ou une écriture super travaillée, mais on passe néanmoins un très bon moment, et cela nous permet de nous évader de notre quotidien. C’est une mission parfaitement réussie pour cette lecture girly, et j’ai particulièrement apprécié suivre l’évolution de Teagan qui s’opère tout au long du livre. C’est une sacrée claque qu’elle va recevoir, et elle sera tout d’abord sur la défensive. Néanmoins, sera-t-elle assez mature pour cette prise de conscience douloureuse, mais nécessaire ?

Malgré tout, j’ai aimé Teagan, car cette apparente méchanceté s’explique en réalité par une immense souffrance : la perte de sa maman, décédée d’un cancer alors qu’elle n’était qu’une petite fille, et le sentiment d’abandon ressenti par les absences répétées de son père. Du coup, elle dépense l’argent de ce dernier à la hue et à la dia. Mais l’amitié ne s’achète pas non plus. Elle semble avoir oublié les vraies valeurs de la vie, et j’ai éprouvé une certaine empathie pour elle lorsqu’elle en s’en rend compte. 

Les autres personnages ne sont pas en reste, et ma préférence va sans doute à Emily, la plus ancienne amie de notre héroïne (elles sont nées le même jour et avaient pour coutume de célébrer leurs anniversaires ensemble), et elles sont désormais aux antipodes l’une de l’autre, alors qu’elles étaient très proches étant enfants. Stephen est également un protagoniste intéressant, et j’ai aimé son caractère et son dévouement pour autrui. Quant à Lindsee (la prétendue meilleure amie de Teagan) et à Max (le petit copain de notre personnage principal), je les ai clairement détestés pour tout ce qu’ils sont et représentent, et je leur aurais volontiers botté les fesses ! 



lundi 11 janvier 2016

Résultats du concours de la nouvelle année




Le sort en est jeté et les gagnants ont été désignés (par la main innocente de mon chéri). Mais avant de dévoiler leur identité, je tenais à remercier les 23 personnes qui ont tenté leur chance. 

Fanny, du blog Les Billets de Fanny, remporte le premier lot, soit un colis contenant livres et surprises concocté par mes soins. Son coup de cœur pour l’année 2015 fut Juste avant le bonheur d’Agnès LEDIG.

Carine, du blog Les Évasions de Kreen, remporte le second lot, soit deux livres sélectionnés dans wish-list. Son coup de cœur pour l’année 2015 fut Mon Amour de Julie BONNIE.

Un grand bravo à vous deux, et un grand merci à vous tous.
Je vous renouvelle tous mes vœux de bonheur pour 2016. Qu’elle soit riche en coups de cœur livresques !

dimanche 10 janvier 2016

Tornade, Jennifer BROWN




Quatrième de couverture :

C’est un jour comme un autre pour Jersey. Sa mère et sa fantasque petite sœur Marine partent pour le cours de danse. Encore à elle la corvée de préparer le dîner. Quand sa vie bascule en quelques secondes : une tornade d’une violence exceptionnelle dévaste tout sur son passage, les maisons, les arbres, les routes, les gens. C. » est une vision de cauchemar, des voisins blessés et traumatisés errent dans la rue jonchée de gravats et de débris. Réfugiée au sous-sol, Jersey a beau appeler et appeler encore sur le portable de sa mère, impossible de la joindre...

288 pages, Édition Albin Michel, Collection « Wiz », avril 2015



Ce que j’ai pensé de cette lecture : 

Jersey, seize ans, la narratrice de Tornade, vit avec sa mère, sa demi-sœur Marine et son beau père, Ronnie, dans le Midwest, une région des États-Unis où la météo a l’habitude de se déchaîner. Ce jour-là, alors qu’une énième tempête avait été annoncée, notre héroïne se met à crier sur sa petite sœur qui veut absolument lui apprendre à danser le swing de la côte Est : « Je n’en ai aucune envie ! Fous le camp ». Elle est alors loin de s’imaginer que ce sont les derniers mots qu’elle prononcera à Marine. En effet, peu après, l’enfant part à son cours de danse avec leur mère, et pendant que Jersey est seule chez elle est aspire à un moment de tranquillité, une tornade se forme et ravage tout sur son passage. Cachée sous le billard dans la cave, elle en sortira indemne physiquement, mais des blessures bien plus graves vont devoir être surmontées : la perte de sa maison emportée par le vent, les décès de sa mère et de sa sœur, le chamboulement de ses marques et repères, de tout ce qui faisait que Jersey était Jersey… Comment survivre à cela ?

Ce roman fut un très gros coup de cœur, sans doute un des ouvrages qui m’a le plus touchée jusqu’alors dans mes différentes expériences de lecture. J’ai tout aimé dans ce livre, qui a su me transporter de la première à la dernière page. J’ai ressenti la peur, la faim, la douleur, la colère, la tristesse, le sentiment de rejet, profond mal-être de Jersey. C’était plus que de l’empathie : son histoire m’a profondément émue. Très rapidement, ce récit m’a prise aux tripes et j’ai eu du mal à le mettre de côté tant je me posais de questions quant à l’avenir de cette adolescente. Comment se reconstruira-t-elle ? Y parviendra-t-elle ? Quoi qu’il en soit, une part d’elle est brisée à tout jamais suite à cette catastrophe climatique. 

L’écriture de Jennifer Brown est très agréable. Elle va droit au but, réussissant parfaitement à retranscrire les sentiments de ses protagonistes. On y rencontre d’ailleurs des êtres plus ou moins bienveillants, mais aucun ne vous laissera indifférent. Que ce soit notre héroïne – qui est aussi la narratrice, ce qui donne encore plus de force à ce qu’elle relate puisqu’il s’agit donc d’une narration avec une focalisation interne – son entourage familial et amical, ou de personnes qu’elle ne croisera qu’une fois, chacun d’entre veux vous marquera à sa façon. 

Parmi les nombreux thèmes qu’il développe, ce roman traite de la famille : appartient-on à la même famille par les liens du sang, où est-ce l’amour que l’on se porte qui fait tout ? Comment survivre lorsque l’on a « tout » perdu ? D’ailleurs, que signifie « tout perdre » ? Il montre aussi que l’on peut voir disparaître de nos vies les personnes qui comptent le plus, et qu’il faut prendre le temps de leur dire ce que l’on ressent avant qu’il ne soit trop tard. Et que faire des remords et des regrets ? À la lecture de , j’ai eu à plusieurs reprises la gorge nouée, le cœur qui se serre, la boule au ventre… C’est un livre dont je ne ressors pas indemne et qui raisonnera encore longtemps en moi, comme si j’avais réellement connu Jersey. 


mercredi 6 janvier 2016

Antithèse, Jean-Baptise FERRORO




Quatrième de couverture :

En retournant à la Fac, département linguistique, Thomas Fiera ne s’imagine pas approfondir ses connaissances sur la sémantique cachée des poètes du Moyen-Âge, mais il croit tout de même pouvoir renouer un peu avec sa jeunesse.
Le pèlerinage nostalgique va très vite tourner court et Thomas va devoir se coltiner un linguiste insupportable, une amatrice de Saint-John Perse complètement déjantée, un sculpteur priapique et des Moldaves comme s’il en pleuvait.
Mais quand de vrais méchants entrent dans la danse, Fiera renonce aux arguties théoriques pour leur préférer le napalm académique.
Il va y avoir du rififi au firmament des philologues ! Plus simplement : encore une fois, Thomas Fiera va devoir faire le ménage, et quand on sait qu’il préfère le flingue au plumeau, on peut s’attendre à tout…

112 pages, Édition du 28, juillet 2015



Ce que j’ai pensé de cette lecture : 

Antithèse s’ouvre sur Thomas Fiera, qui se retrouve à la l’université Paris XV des années après l’avoir quittée. Il est désormais détective privé et a été appelé par le directeur du département de linguistique, car il semblerait qu’un trafic de faux diplômes ait vu le jour dans cet établissement. Pour quelles raisons ? Qui sont les instigateurs de tout cela ? C’est ce que notre héros va devoir découvrir, se faisant tantôt passer pour un maître de conférences, tentant parfois de tisser des liens avec les étudiants ou d’avoir davantage d’informations auprès du personnel de l’université. Mais en acceptant, Thomas est loin de se douter dans quoi il met les pieds...

Au début, j’ai été totalement séduite par la plume de l’auteur. Jean-Baptiste Ferroro situe son intrigue dans l’UFR de linguistique, mais à n’en point douter, il maîtrise la langue française. J’ai beaucoup aimé son humour pince-sans-rire, ses jeux de mots, le vocabulaire riche employé... De plus, l’histoire prenant place dans une faculté de lettres, il y avait vraiment de quoi me ravir. Thomas Fiera est loin d’avoir sa langue dans sa poche, et il use et abuse de sa position de force lorsque la situation lui permet de le faire, montrant bien qu’il est celui qui prend les décisions et qu’il ne se laissera pas dicter sa conduite par le premier venu.

Mais malheureusement, j’ai assez rapidement déchanté. Tout d’abord, l’auteur en fait beaucoup trop à mon sens. Le directeur qui a fait appel aux services de notre enquêteur fait des jeux de mots à n’en plus finir, et j’ai plus d’une fois soupiré lors de ces passages : « Fiera fera le fier ? Faire fer. Faire faire. Savez-vois que Fiera signifie fauve ? Animal sauvage ? Fiera signifie… Fiera signifiera… Fiera sin y fiera… Le fier Fiera fera fuir les… » Par ailleurs, cet ouvrage est d’une grossièreté peu ordinaire. Pas une page sans une expression vulgaire, et il s’agit ici de vrais gros mots. Un peu aurait pu être un réel point positif au récit, mais trop de grossièretés m’ont dérangée. Enfin, j’ai trouvé que l’intrigue partait dans tous les sens et que, pour être franche, ça devient du grand n’importe quoi. 

Ainsi, malgré un début prometteur, je me suis lassée rapidement. Heureusement, la plume de l’auteur a un peu limité les dégâts (et il faut reconnaître que le livre ne fait que 112 pages. Il en aurait fait le triple, je ne sais pas si je l’aurais terminé). C’est donc un rendez-vous raté pour ma part, et c’est réellement dommage, car l’écriture de Jean-Baptiste Ferroro avait un sacré potentiel !



dimanche 3 janvier 2016

L'Arabe du futur, Riad SATTOUF




Quatrième de couverture : 

Ce livre raconte l’histoire vraie d’un enfant blond et de sa famille dans la Libye de Kadhafi et la Syrie d’Hafez Al-Assad.

160 pages, Éditions Allary, mai 2014



Ce que j’ai pensé de cette lecture :

À travers cette bande dessinée autobiographique, Riad Sattouf va nous présenter son enfance, entre la France, la Libye et la Syrie. Né en 1978 d’un père syrien et d’une mère bretonne, Riad est un petit garçon aux cheveux blonds qui provoque l’admiration de ceux qu’il croise, tant il est mignon. Après avoir décroché un doctorat en histoire, son père obtient un poste de maître de conférences à Tripoli et y part avec son épouse et son fils. Avec ses yeux enfant, Riad va nous faire part de sa perception de la vie au Moyen-Orient, avec ses us et coutumes bien différents de la vie européenne. On y verra aussi une profonde admiration pour son père, qui est adepte du panarabisme, mais dont les propos sont également pleins de contradictions.

Je ressors de cette lecture – dont j’attendais beaucoup tant j’avais pu prendre connaissance de chroniques élogieuses – avec un avis en demi-teinte. Il y a des points qui m’ont particulièrement plu dans cette bande dessinée, mais d’autres qui m’ont moins séduite. Telle une voix off, Riad adulte accompagne le récit de sa jeunesse, nous donnant des clefs pour comprendre et s’imprégner du monde qu’il nous présente. Deux points de vue se confrontent ainsi : celui d’un Riad mature, avec son expérience de vie, et celui du narrateur enfant, qui découvre tout de ses yeux neufs. J’ai trouvé ce procédé très intéressant, apportant un réel plus à L’Arabe du futur. Visuellement, les graphismes sont très simples. La technique employée est celle de la bichromie, et le choix des couleurs dépend de l’endroit où prend place l’histoire racontée : par exemple, lorsqu’ils sont en Libye, les teintes sont dans les jaunes, alors que Riad a opté pour le rose en Syrie ou le bleu en France. J’aurais sans doute préféré des dessins plus travaillés, qui sont ici parfois proches des planches que l’on peut retrouver dans la presse. 

Le comportement du père de Riad a rendu ce personnage particulièrement antipathique. Tout d’abord, il m’a paru très égoïste, puisqu’il prend la décision de quitter la France sans aucune concertation avec son épouse : il lui impose de déménager pour un pays dans lequel les conditions de vie sont moins aisées qu’en France, d’autant plus que la mère de Riad ne parle pas un mot d’arabe. De plus, il est très critique envers la France, qu’il qualifie de pays de racistes, mais aussi envers la société arabe, dont il déplore le manque d’éducation. Cependant, il n’hésite pas à défendre des idées telles que la dictature, et vente la beauté de la Syrie, alors que c’est un lieu dans lequel règnent la violence et la misère.

Dans cet ouvrage, de nombreux thèmes sont abordés : l’éducation d’un enfant tiraillé entre deux cultures, la question de l’admiration du père, la vie au Moyen-Orient, la place de la religion, le racisme, l’antisémitisme… Je ne nie pas que ce soit un bon livre, qui développe des sujets de façon très intéressante, mais je m’attendais à mieux.



vendredi 1 janvier 2016

Concours de la nouvelle année





Pour célébrer la nouvelle année, quoi de mieux qu’un concours ? Le blog Mes Lectures page après page a donc décidé de mettre les petits cadeaux dans les grands et de vous gâter. Ainsi, si vous tentez votre chance, deux lots sont à remporter. Le premier sera un colis contenant livres et surprises, concocté par mes soins et composé selon vos goûts (j’adresserai un questionnaire au gagnant), et le second comportera un ou deux livres sélectionnés dans la liste d’envie du second vainqueur. 


Comment participer ?

Rien de plus simple. Il suffit de me faire parvenir un email à meslecturespageaprespage[a]gmail.com, ayant pour objet « Concours de la nouvelle année », dans lequel vous me direz quelle fut votre lecture coup de cœur en 2015, et quelle parution de 2016 vous attendez avec le plus d'impatience. Un minimum de politesse sera apprécié.


Comment augmenter ses probabilités de gagner ? 

+1 chance pour les personnes que je connais bien.
+1 chance à ceux qui aiment la page Facebook du blog (merci de me préciser sous quel nom vous aimez la page dans l’email).
+1 chance aux personnes qui relaient le concours (screenshot à l’appui à m’envoyer dans l’email). 


Jusqu’à quand pouvez-vous jouer ?

Vous avez jusqu’au samedi 9 janvier 2016 23 h 59 pour participer. Les résultats seront dévoilés dans la journée du lundi 11 janvier.


Il ne me reste plus qu’à vous dire bonne chance, mais surtout, à vous souhaiter le meilleur pour l’année 2016 !