lundi 29 février 2016

Entre mes mains le bonheur se faufile, Agnès MARTIN-LUGAND



Quatrième de couverture :

Depuis l’enfance, Iris a une passion pour la couture. Dessiner des modèles, leur donner vie par la magie du fil et de l’aiguille, voilà ce qui la rend heureuse. Mais ses parents n’ont toujours vu dans ses ambitions qu’un caprice : les chiffons, ce n’est pas « convenable ». Et Iris, la mort dans l’âme, s’est résignée.

Aujourd’hui, la jeune femme étouffe dans son carcan de province, son mari la délaisse, sa vie semble s’être arrêtée. Mais une révélation va pousser Iris à reprendre en main son destin. Dans le tourbillon de Paris, elle va courir le risque de s’ouvrir au monde et faire la rencontre de Marthe, égérie et mentor, troublante et autoritaire…

336 pages, Éditions Michel Lafon, juin 2014



Ce que j’ai pensé de cette lecture :

Iris, âgée d’une trentaine d’années, n’est pas vraiment épanouie dans son métier de banquière ni au sein de son couple, son mari étant médecin à l’hôpital et y passant le plus clair de son temps. Lorsqu’elle fait par hasard une découverte chez ses parents, celle-ci remet en cause celle qu’elle est. En effet, Iris avait rêvé de devenir couturière, et plus particulièrement créatrice de vêtements, mais n’ayant jamais eu de réponse de l’établissement où elle souhaitait se former, elle avait renoncé à ce projet. Mais en réalité, son père et sa mère avaient détruit le courrier d’acceptation. Malgré les réprobations de Pierre, son mari, elle décide de reprendre sa vie en main et de partir à Paris pour six mois, dans un atelier de création où une formation lui sera dispensée. Elle y fait la connaissance de Marthe, la directrice de l’établissement, qui va exiger le meilleur de celle qui va devenir sa protégée.

J’ai été totalement conquise dès les premières pages de ma lecture d’Entre mes mains le bonheur se faufile. J’ai immédiatement apprécié Iris et sa rébellion face à toutes ces personnes qui semblent savoir mieux qu’elle ce qui est bon pour elle et ce qui sera source d’épanouissement. Elle a des principes, de l’éthique, mais souhaite désormais prendre la route du bonheur, même si cela ne sera pas toujours simple. Elle essaie de se faire une place, mais reste timide et en retrait des autres élèves (sans doute car elles n’ont que vingtaine d’années). Mais Marthe va la remarquer rapidement, et tel un mentor, elle lui dira que faire, comment faire, et mettra à sa disposition tous les moyens nécessaires pour qu’elle parvienne à se faire un nom dans le domaine de la couture. 

Marthe est une femme d’un certain âge relativement autoritaire et sévère. Très riche, elle a pris sous son aile Gabriel, dont elle s’occupe comme une mère. Pourtant, elle met à plusieurs reprises Isis en garde contre lui, elle lui dit de s’en défier, qu’il est homme à femmes, qu’elle doit conserver ses distances avec lui… Mais de qui faut-il réellement se méfier ou non ? Quant à Pierre, le mari d’Isis, c’est un vrai salop. Au début du roman, je ne l’aimais pas trop, mais à la fin… je le détestais carrément ! Par contre, j’ai beaucoup apprécié le majordome de Marthe, Jacques. Très prévenant, il semble sincèrement gentil, bien qu’un peu distant au premier abord.

Quant à la fin… magistrale ! Je ne l’avais pas du tout vue venir. De quoi clore en beauté un ouvrage qui m’a totalement captivée de la première à la dernière page, portée par une plume qui m’a réellement conquise. La narration est du point de vue d’Iris ; j’ai ressentis beaucoup d’empathie pour elle, et je voulais absolument savoir ce qu’il allait advenir d’elle.


mercredi 24 février 2016

Ici et maintenant, Ann BRASHARES



Quatrième de couverture :

Le monde que j’ai fui est en ruines. Nous sommes ici pour préserver l’humanité de sa destruction. Si nous ne suivons pas les règles, tout ce qui compte disparaîtra : les amis, la famille, les rêves, l’amour. Ethan ne doit pas connaître mon secret. Que je ne viens pas d’un autre pays. Mais que je viens d’une autre époque.

320 pages, Édition Gallimard, juin 2014



Ce que j’ai pensé de cette lecture :

À l’aube du XXIIe siècle, une épidémie sans précédent est en train de décimer l’humanité. Transmise par les moustiques, elle a déjà tué des millions de personnes. Prenna, une adolescente de dix-sept ans, fait partie d’un groupe d’individus qui ont fui leur époque pour se retrouver dans le New York des années 2010. Ces voyageurs du futur doivent cependant respecter un certain nombre de règles, comme de ne jamais interférer le cours de l’histoire ou d’avoir de relation amoureuse avec des personnes qui ne font pas partie de leur groupe. Prenna fait tout pour obéir à ces règles, jusqu’au jour où elle rencontre Ethan au lycée, qu’ils deviennent peu à peu amis, et qu’elle s’aperçoit qu’elle est totalement privée de ses libertés.

Après un prologue pour le moins déroutant, Ici et maintenant nous plonge immédiatement dans l’intrigue, et nous prenons connaissance des douze règles qui devront être observées, puis l’arrivée des voyageurs du futur dans notre époque. Prenna va mener une vie sans faire de vague, jusqu’au moment où elle va beaucoup – trop au goût des dirigeants de sa communauté – se rapprocher d’Ethan, un garçon de sa classe, qui semble en savoir davantage qu’il ne le devrait. Grâce à lui, elle va faire la connaissance de Ben Kenobi, une sorte de clochard qui vit dans des conditions très précaires, et qui est loin d’être celui qu’il prétend.

J’ai trouvé cette intrigue très originale de par sa thématique et la façon dont elle est traitée dans ce roman. Ce futur destructeur de l’humanité qui approche à grands pas est tout à fait plausible : le réchauffement climatique a fait son œuvre, de nouvelles maladies sont apparues, et notre espèce semble vouée à souffrir et à disparaître. Ici, point de robot ou de voiture volante, mais une société somme toute assez proche de la nôtre, bien qu’un peu plus pointue sur le plan des technologies.

J’ai beaucoup apprécié les personnages d’Ethan et de Prenna, qui ont une vraie complicité. Ethan aime taquiner Prenna, mais celle-ci tente de garder ses distances malgré ce que lui dicte son cœur. Cette relation est au service de la narration, qui ne manque pas d’originalité ni de rebondissements. On rencontre un certain nombre de protagonistes, dont la mère de Prenna, Ben Kenobi, ou encore les responsables de la communauté, et la fluidité de l’écriture d’Ann Brashares contribue à captiver l’intérêt du lecteur. J’ai cependant un regret, qui est la fin du récit. Malheureusement, celle-ci est ouverte et pourrait laisser présager d’une suite, alors qu’il s’agit en réalité d’un one shot. Dommage.


samedi 20 février 2016

Violette Nozière Vilaine Chérie, Camille BENYAMINA & Eddy SIMON




Quatrième de couverture : 

Paris, 1933.
Elle a défrayé la chronique.
On l’a surnommée l’ange noir.
Elle s’appelait Violette...

96 pages, Éditions Casterman, janvier 2014



Ce que j’ai pensé de cette lecture :

À seulement dix-huit ans, Violette Nozière rêve d’autre chose. Ses parents l’insupportent, elle désire mener la grande vie, et n’hésite pas pour cela à se prostituer ou à se faire passer pour celle qu’elle n’est pas. Mais lorsqu’elle s’éprend de Jean Dabin, un étudiant en droit, ses besoins en liquidités se font de plus en plus pressants, d’autant plus qu’elle a prétendu que son père était un ingénieur et qu’elle a elle-même un emploi. De ce fait, un héritage tomberait à pic pour la sortir de l’embarras et lui permettre de rejoindre son petit ami en vacances en Bretagne. C’est pourquoi elle décide d’orchestrer l’assassinat de ses parents…

L’ouvrage s’ouvre sur le procès de la fameuse Violette, qui est appelée au tribunal de Paris en octobre 1934. Puis nous faisons un saut temporel et retournons en mars de l’année précédente, dans le Quartier latin, où la jeune femme s’épanouit pleinement bien entourée de ses amis. Elle s’y invente une existence. Nous allons ainsi nous immerger dans son quotidien et découvrir sa personnalité pour le moins étrange et multiple. Elle va mentir à tout le monde, et sa vie de débauche la mènera à contracter la syphilis. Elle éprouve un certain mépris pour ses parents, qui l’aiment pourtant sincèrement et souhaitent le meilleur pour elle, et elle les considère comme des minables.

Cette bande dessinée retrace un fait divers ayant défrayé la chronique dans les années 1930. Je dois reconnaître que je n’en avais jamais entendu parler, ce qui m’a permis d’avoir la surprise totale du scénario. Et si c’est une excellente histoire, il faut bien avouer que cela a de quoi faire froid dans le dos, d’autant plus qu’il s’agit de faits réels… Et pourtant, on ne peut s’empêcher de prendre parfois Violette en pitié, car elle est loin d’être un personnage manichéen, capable de sentiments très forts comme d’une incroyable cruauté. De plus, on peut ressentir une certaine distance volontaire de la part d’Eddy Simon et de Camille Benyamina. Ils semblent retranscrire les faits, sans prendre le parti de défendre ou de condamner Violette Nozière. Libre au lecteur de se faire sa propre opinion.

Les dessins sont absolument magnifiques. Les bulles sont tellement travaillées que l’on pourrait croire que l’on est face à des peintures, et nous avons le sentiment de plonger dans les années 1930. Aussi bien visuellement que d’un point de vue narratif, Violette Nozière Vilaine Chérie est une bande dessinée très intéressante. Tout est au rendez-vous. Un sans faute ! 


mercredi 17 février 2016

Quelqu'un qu'on aime, Séverine VIDAL



Quatrième de couverture :

« Matt craignait le pire. Il sent sur son cou la main de son grand-père, qui prend la parole :
– Je perds la mémoire. Et ce jeune homme, assis là, il m’emmène en tournée à travers les USA pour réveiller les souvenirs enfouis. C’est pas beau, ça ?
Antonia et Luke hochent la tête, ensemble, parce qu’ils sont émus, Matt le voit dans le rétro. Gary relâche son étreinte et :
– Qui pourrait rêver meilleur petit-fils, hein ?
Matt craignait le pire et ce n’est pas ce qui est arrivé. C’est même tout le contraire. »

208 pages, Éditions Sarbacane, Collection « Exprim' », août 2015



Ce que j’ai pensé de cette lecture : 

Son grand-père étant touché par la maladie d’Alzheimer, Matt décide de faire une pause dans ses études universitaires afin qu’il revive ses souvenirs en organisant un voyage quelque peu spécial. En effet, des dizaines d’années plus tôt, Gary, son aïeul, avait suivi le célèbre chanteur Pat Boone lors d’une de ses tournées. Ils vont donc refaire ce périple. Cependant, à quelques jours de quitter le Texas pour gagner la Californie, Matt est contacté par son ex, qui lui apprend qu’il est le papa d’Amber, une petite fille de maintenant dix-huit mois, et qu’il doit absolument s’en occuper quelque temps. Matt décide de partir tout de même, responsable à la fois d’un vieux monsieur et d’un bébé. Mais puisqu’ils sont coincés à l’aéroport à cause d’une tempête, Matt loue une voiture pour faire la route ; c’est alors que deux parfaits inconnus vont leur demander de se joindre à eux pour regagner la Californie.

C’est un joyeux périple que nous allons faire en compagnie de ces cinq protagonistes : Gary, Matt, Amber, mais aussi Antonia, qui a décidé de quitter son compagnon violent et souhaite décrocher un poste chez My Luxury Home, et Luke, qui a fui son foyer et semble cacher un lourd secret. Tous sont émouvants à leur façon et ils ne vont pas tarder à former une vraie famille ensemble, se protégeant, s’entraidant… Bref, une aventure pleine d’humanité va se dérouler sous les yeux d’un lecteur qui sera charmé par les personnages – ma préférence allant sans doute à Gary, qui m’a beaucoup touchée dans sa relation à sa maladie. Tantôt totalement perdu dans ses souvenirs qui se mélangent, il ne veut pas être un fardeau pour ses proches et va tout faire pour dissimuler cet Alzheimer qui le ronge.

Néanmoins, quelque chose m’a un peu déstabilisée dans cette lecture. Chaque chapitre s’intéresse à l’histoire du point de vue d’un personnage, et il est quelque peu compliqué de s’y retrouver au début. Et comme on ne comprend pas bien le rapport entre les différents protagonistes lorsqu’on les découvre, cela n’aide pas vraiment, car on a l’impression de passer du coq à l’âne. Mais après avoir fait connaissance avec les héros de cette histoire, on se prend au jeu de la narration alternée et on finit par apprécier ce choix de l’auteur.

Quelqu’un qu’on aime est un vrai vecteur de sentiments. Le lecteur rit, il est ému, tantôt en colère… quoi qu’il en soit, il ne sera pas indifférent à cette aventure. Cet ouvrage est également l’occasion de découvrir la maladie d’Alzheimer non seulement du point de vue de l’entourage proche, qui va la plupart du temps vouloir aider la personne en souffrance à retrouver ses souvenirs, mais qui va parfois craquer lorsque l’être cher ne parviendra pas à le reconnaître. Il s’intéresse aussi à celui atteint de cette pathologie, qui est tout d’abord conscient de ce qui lui arrive, et qui perd peu à peu pied dans ses souvenirs, mais plus généralement dans sa vie.


samedi 13 février 2016

Belle Époque, Elizabeth ROSS



Quatrième de couverture :

Paris, 1889. Maude Pichon s’enfuit à 16 ans de sa Bretagne natale pour échapper à un mariage forcé et découvre Paris, ville-lumière en ébullition à la veille de l’Exposition universelle. Hélas, ses illusions romantiques s’y évanouissent aussi vite que ses maigres économies. Elle est désespérément à la recherche d’un emploi quand elle tombe sur une petite annonce inhabituelle :
ON DEMANDE 
Des jeunes femmes pour faire un ouvrage facile.
Bienséance respectée.
Présentez-vous en personne à l’agence Durandeau, 27, avenue de l’Opéra, Paris.
L’agence Durandeau propose en effet à ses clients un service unique en son genre : le faire-valoir. Étranglée par la misère, Maude postule...

432 pages, Éditions Robert Laffont, Collection « R », novembre 2013



Ce que j’ai pensé de cette lecture :

À la fin du XIXe siècle, alors que Paris est en pleine euphorie à cause de l’exposition universelle, Maude quitte sa Bretagne natale – et échappe ainsi au mariage que son père lui avait arrangé – pour rejoindre la capitale. Afin de subsister, elle est contrainte de travailler pour l’agence Durandeau, qui propose à ses clientes des faire-valoir. En deux mots, ces dernières louent les services des jeunes femmes laides, ou au mieux banales, afin de mettre en avant leur propre beauté. Du haut de ses seize ans, Maude était loin de s’imaginer qu’elle allait devenir un repoussoir, et qu’elle sera louée par la Comtesse Dubern, qui espère ainsi mettre en avant Isabelle, sa fille, afin qu’elle trouve un bon parti avec lequel se marier… 

Maude est loin d’être stupide, mais elle a quitté son foyer et doit désormais en assumer les conséquences. Malheureusement pour elle, le hasard fait qu’elle ne pas tombe sur des gens bienveillants, et mise à part Marie-Josée, une faire-valoir qui aidera Maude à s’adapter à sa nouvelle vie et qui est plutôt joviale, les autres collègues de notre héroïne sont relativement transparentes. Quant à son patron, il est absolument détestable, exposant les jeunes femmes au choix de ses clientes tels de vulgaires objets, semblant presque nier leur identité et n’hésite pas à insister sur leur physique ingrat pour s’enrichir. La Comtesse Dubern va elle aussi être assez machiavélique, car outre se servir de Maude comme d’un repoussoir, elle va cacher cela à sa fille, Isabelle, prétextant que Maude est une parente éloignée. Pire encore, elle va l’utiliser pour espionner et manipuler sa propre enfant. Mais Isabelle n’est pas tout à fat la personne que s’imaginait notre héroïne.

Néanmoins, tout est plutôt prévisible, et il n’y a pas de réelle surprise dans cet ouvrage. Ce qui se produit est cousu de fil blanc, et cela ne m’a pas vraiment motivée pour poursuivre ma lecture, ce qui explique pourquoi celle-ci fut relativement laborieuse. Un autre point qui m’a paru assez peu vraisemblable : Maude est censée être une fille de la campagne ayant reçu une instruction plutôt sommaire, et pourtant, elle possède un vocabulaire excessivement riche, parfois même un peu guindé, ce qui décrédibilise notre personnage principal. 

Il faut savoir que Belle Époque est inspiré d’une nouvelle d’Émile Zola, qui nous est proposée en fin d’ouvrage. Il y évoque la question de ces femmes utilisées pour sublimer la beauté d’autres, et Elizabeth Ross a décidé de développer ce récit pour en faire un roman de près de 400 pages. Beaucoup ont adoré, mais ce ne fut pas mon cas. Je ne suis pas parvenue à réellement entrer dans l’histoire, à éprouver de l’intérêt pour les personnages, j’ai eu l’impression que l’on tournait en rond et je me suis ennuyée… Bref, ce fut une lecture en demi-teinte. 

Belle Époque fut une lecture commune avec Kidae, et je vous invite à aller découvrir son avis.


lundi 8 février 2016

Phobos – tome 1, Victor DIXEN



Quatrième de couverture :

Six prétendantes.
Six prétendants.
Six minutes pour se rencontrer.
L’éternité pour s’aimer.
Il sveulent marquer l’Histoire avec un grand H.
Ils sont six filles et six garçons, dans les deux compartiments séparés d’un même vaisseau spatial. Ils ont six minutes chaque semaine pour se séduire et se choisir, sous l’œil des caméras embarquées. Ils sont les prétendants du programme Genesis, l’émission de speed-dating la plus folle de l’Histoire, destinée à créer la première colonie humaine sur Mars.
Elle veut trouver l’amour avec un grand A.
Léonor, orpheline de dix-huit ans, est l’une des six élues. Elle a signé pour la gloire. Elle a signé pour l’amour. Elle a signé pour un aller sans retour...
Même si le rêve vire au cauchemar, il est trop tard pour regretter.

448 pages, Éditions Robert Laffont, Collection « R », juin 2015



Ce que j’ai pensé de cette lecture : 

Dans un futur somme toute assez proche, la Nasa a été rachetée par l’entreprise Genesis, qui a mis au point une émission de téléréalité qui promet d’être incontournable : douze candidats de différentes nationalités – six filles et six garçons – vont faire un voyage dans l’espace, dont l’arrivée est programmée sur Mars dans le but d’y créer une communauté. Au cours de leur traversée dans l’univers, des speed-datings seront organisés pour que des couples se forment, des cagnottes seront alimentées par le public, qui leur permettra ainsi de mener une vie plus ou moins confortable dans leur nouvel habitant, et les prétendants ne se verront que lors de séances de six minutes, dans une pièce où ils seront séparés par une paroi de verre ; le reste du temps, les garçons seront dans une partie de la fusée, et les filles dans une autre.

Phobos n’est pas forcément le genre de livre susceptible de susciter mon intérêt, puisque je ne suis pas une adepte des récits dans l’espace – loin de là. Cependant, les avis que je pouvais en voir étant unanimes, j’ai décidé de me plonger dans cette aventure, et grand bien m’en a pris, puisque j’en ressors totalement conquise (j’ai d’ailleurs commandé le tome 2, c’est vous dire !).

Le récit s’ouvre sur l’embarquement, et nous découvrons à ce moment-là le personnage de Léonor, qui va livrer au lecteur ses pensées tout au long du roman. Elle a dix-huit ans, est un « bébé poubelle », comme elle se surnomme, puisque ses parents l’ont abandonnée en la jetant dans un container d’ordures. Cette orpheline a donc décidé de bouleverser sa vie en s’inscrivant à ce programme. Après un an d’entraînement dans la vallée de la Mort, les voilà partis !

La narration alterne les points de vue selon les chapitres : nous avons tantôt connaissance des pensées de Leonor, et nous prenons petit à petit conscience du nouvel environnement dans lequel elle va évoluer. À travers ses yeux, nous nous imaginons le vaisseau, ses compagnes de voyage – dont son amie Krys –, et les inquiétantes découvertes qu’elle va faire. Le lecteur est parfois à la place du spectateur, qui est captivé les images et est suspendu aux lèvres de Serena, la brillante présentatrice. Enfin, la focalisation est externe à certains moments, et nous sommes alors généralement dans les coulisses du show.

J’ai adoré cet ouvrage, qui fut une lecture coup de cœur. J’ai aimé l’imagination de l’auteur, qui invente ici un concept de A à Z qui tient vraiment la route. Sa façon d’écrire est très fluide, et il sait manier le suspens. Ses personnages ont une réelle consistance, le vaisseau dans lequel ils naviguent est extrêmement bien conçu (des schémas sont même présents dans le livre afin que nous puissions nous l’imaginer sans problème). On est pris au jeu du speed-dating, on a peur pour nos héros, et la fin laisse présager une suite excellente. J’ai hâte !


mercredi 3 février 2016

Frangine, Marion BRUNET



Quatrième de couverture :

« Il faut que je vous dise... J’aimerai annoncer que je suis le héros de cette histoire, mais ce serait faux. Je ne suis qu’un morceau du gâteau, même pas la cerise. Je suis un bout du tout, un quart de la famille. Laquelle est mon nid, mon univers depuis l’enfance, et mes racines, même coupées. Tandis que ma frangine découvrait le monde le cruel le normal et la guerre, ma mère et ma mère, chacune pour soi mais ensemble, vivaient de leur côté des heures délicates. C’est à moi que revient de conter nos quatre chemins. Comment comprendre, sinon ? »

264 pages, Éditions Sarbacane, mars 2013



Ce que j’ai pensé de cette lecture : 

Joachim a un foyer tout ce qu’il y a de plus épanouissant… à ses yeux ! En effet, il n’a pas de papa, mais deux mamans : Maman et Maline. C’est la rentrée, il est en Terminale, ses amis savent tout de sa situation, et ces derniers s’en fichent pas mal. Mais pour Pauline, sa petite sœur, les choses vont être très différentes. En effet, elle fait son entrée au lycée, en classe de Seconde, et lorsque ses camarades vont prendre connaissance de son foyer, c’est une avalanche de moqueries qui va s’abattre sur elle. Victime de harcèlement, elle va cacher tout cela à ses proches, se renfermer sur elle même, et vivre l’enfer jour après jour. Sa famille se rend bien compte que quelque chose ne tourne pas rond, en particulier Joachim, mais Pauline se mure dans le silence. Jusqu’au jour où son grand-frère va découvrir l’horreur qu’est le quotidien de sa petite sœur.

C’est un livre très émouvant que Frangine, dans lequel Marion Brunet ne mâche pas ses mots et n’hésite pas à coucher sur papier les insultes, gestes et autres brimades que connaît Pauline sans choisir d’édulcorer la situation. Et on ne peut que se révolter de tout ce qu’elle subit. Elle n’y est pour rien si elle n’a pas de père, mais deux mères, et qu’est-ce que cela peut bien faire si cette famille est heureuse ainsi ? Pourquoi un tel déferlement de haine ? Impuissant, le lecteur la voit sombrer petit à petit, se demandant jusqu’où cela ira et redoutant le pire. Mais au nom de quoi ? Ce livre sur l’homoparentalité montre que le plus important est l’amour, et non pas de correspondre à des normes sociétales. Il évoque également la bêtise provoquée par l’effet de groupe, et le silence de ceux qui n’osent pas se mêler de tout cela par peur de représailles.

Le récit est relaté du point de vue de Joachim, dont l’histoire contraste réellement avec Pauline. Il a bien connu quelques remarques désagréables dans son enfance, mais il a su les gérer, et il mène aujourd’hui une vie heureuse, en couple avec la jolie Blandine. Pour sa jeune sœur, c’est tout autre chose. Elle est loin d’avoir son physique, et même ses amis vont lui tourner le dos. Notre narrateur va donc nous livrer ses pensées et ses craintes, et chercher des solutions pour l’aider. Mais nous allons aussi découvrir leur quotidien, leur vie de famille, et l’on peut voir qu’ils sont parfaitement heureux – excepté les petits tracas qui arrivent à tout un chacun, et qu’ils peuvent compter les uns sur les autres. 

En définitive, Frangine est un bel ouvrage sur la tolérance. Un roman à lire, pour prendre conscience que les traditions évoluent et se modifient, et qu’il faut vivre avec son temps. Que les changements de mœurs peuvent avoir un impact négatif, et que ce qui compte réellement, c’est de trouver le bonheur à sa façon. Le tout avec une plume acerbe qui n’épargnera pas le lecteur.