Quatrième de couverture :
« Une nuit, ton fils s’est tué dans sa chambre, au premier étage de votre maison. Au matin à huit heures, avec son père tu l’as trouvé.
Depuis, à voix basse, tu lui parles. Tu lui demandes s’il se souvient.
La mer étale à huit heures du soir, les talus hérissés d’iris, les pierres de la cour tièdes sous la peau du pied, les filles dont les yeux sourient, toutes les choses belles et la lande silencieuse.
Tu espères tant qu’il est parti gonflé d’elles. Mais comme tu n’es pas sûre qu’en aide, en ailes, ces choses lui soient venues cette nuit-là, tu les lui donnes par la pensée, la respiration, le murmure. »
160 pages, Éditions Grasset, mars 2016
Ce que j’ai pensé de cette lecture :
La perte d’un enfant, voici la
terrible épreuve à laquelle Angélique Villeneuve a dû se soumettre. Mariée,
mère de deux filles et d’un fils, elle a retrouvé ce dernier pendu dans sa
chambre par un matin de septembre. Un matin lors duquel tout a basculé, où sa
vie a irrémédiablement changé. Qui est-elle maintenant ? Un enfant sans
parent est un orphelin, mais perdre la chair de sa chair est une situation
tellement anormale qu’il n’y a pas de mot à mettre sur cette tragédie dans la
langue française. Des raisons pour lesquelles son fils a décidé de mettre fin à
ses jours, nous ne saurons rien ; l’auteur estime que cette histoire ne
lui appartient pas. Ce qu’elle va coucher sur papier, c’est sa vie d’après,
emplie de l’absence de cet être qu’elle aimait tant, et de la nécessité de se
reconstruire malgré tout.
Nuit de septembre est un ouvrage assez déstabilisant, puisque, par le
procédé narratif en place, le lecteur ne peut que se sentir concerner. Bien
évidemment, la douleur ressentie par cette mère est inimaginable, mais l’on en
a un aperçu, car nous avons l’impression qu’elle s’adresse à nous. En effet,
elle raconte sa propre histoire en s’interpellant elle-même par le recours au
pronom personnel « tu ». Ainsi, nous pouvons par exemple lire :
« Tu t’es posé cette question-là. Tu as dit que tu ne savais pas si,
encore, tu pouvais dire, j’ai un fils. »
Dans ce récit autobiographique,
point de passage larmoyant. Le propos est avant tout la reconstruction de cette
mère brisée, qui doit parvenir à continuer malgré tout, car elle a deux filles
et un mari qui l’aiment et qui ont besoin d’elle. Sa passion pour l’écriture
lui est sans doute salutaire, et bien que l’on ne doute pas une seule seconde
de la souffrance abominable qui l’accompagne au quotidien, même si le deuil
qu’elle doit faire est impossible à surmonter, il y a beaucoup de grandeur dans
cette femme. Elle ne désire pas cacher les faits, elle ne veut pas passer des
mots sous silence, que les gens autour d’elle s’empêchent d’employer certains
termes en sa présence.
Les chapitres, qui n’en sont pas
vraiment, sont très courts (une ou deux pages généralement) et on découvre
ainsi les petits pas qu’elle fait chaque jour pour aller de l’avant, même si
parfois, elle aura davantage l’impression de faire marche arrière. Les
premières fois depuis que son garçon n’est plus, une discussion avec une
commerçante, les idées qui lui viennent lorsqu’elle voit un adolescent faire du
skate… La plume est juste, aucune fausse note ici, mais surtout – et avant tout
– beaucoup de respect et de pudeur pour cet enfant qui n’est plus, mais
également pour sa famille. En effet, elle ne dévoile jamais l’identité de son
époux ni de ses filles, et le prénom de son fils n’est connu du lecteur que
dans les dernières pages. Nuit de
septembre est à n’en point douter un très bel ouvrage qui, malgré tout, est
d’une certaine façon porteur d’espoir.
C'est un sujet vraiment délicat mais qui peut etre très intéressant. Rien qu'à lire ton avis je sais que ça sera quelque chose de très poignant. Le style du récit doit encore plus nous plonger dans les sentiments avec la présence du 'tu'...
RépondreSupprimerPas pour moi en ce moment mais c'est un livre que je lirai un jour... merci pour cette chronique très engageante
RépondreSupprimerUn roman émouvant que j'aimerais beaucoup lire :)
RépondreSupprimerUn sujet sensible... Je ne connais pas du tout ce livre.
RépondreSupprimerBon weekend.
Merci Anne Sophie de votre belle lecture, je suis très touchée.
RépondreSupprimerangélique
Merci Anne Sophie de votre belle lecture, je suis très touchée.
RépondreSupprimerangélique
Le sujet a l'air délicat, mais ce que tu en dis m'interpelle beaucoup. Pourquoi pas me laisser tenter!
RépondreSupprimerPas un livre qui m’intéresse en ce moment mais je le met dans ma WL
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