Quatrième de couverture :
« Je voudrais me rappeler Diana, mieux que je ne peux en vrai. Je voudrais me rappeler tout ce que Diana et moi nus n’avons jamais fait ensemble, comme si nous l’avions fait. Parfois j’écoute des musiques de notre enfance, et je voudrais que la musique me la rappelle, mais la musique ne me rappelle rien, parce que nous n’étions pas ensemble, nous n’avons pas vécu la même enfance. »
Diana, 8 ans, a disparu. Ceux qui l’ont approchée dans sa courte vie viennent prendre la parole et nous dire ce qui s’est noué sous leurs yeux. Institutrices, médecins, gendarmes, assistantes sociales, grand-mère, tante, demi-frère...
128 pages, Éditions Du Rouergue, Collection « La Brune », août 2015
Ce que j’ai pensé de cette lecture :
La première phrase de ce roman est prononcée par d’une institutrice,
qui nous dit : « Quand j’ai vu l’avis de recherche, j’ai su qu’il
était trop tard ». À partir de là, les protagonistes vont prendre la
parole tour à tour pour nous relater l’histoire de Diana, à commencer par sa
grand-mère, qui explique que lorsque sa fille est tombée enceinte, elle ne
voulait pas du bébé et a tout d’abord accouché sous X avant de retourner la
chercher un mois plus tard. Puis nous faisons un saut dans le temps, et nous
retrouvons une élève de six ans, tout juste scolarisée, qui a des bleus, des
marques, et qui semble accuser un certain retard. Son père est déménageur, sa
mère femme au foyer, et à chacune des rencontres de cette famille avec le corps
médical ou enseignant, elle parait tout à fait normale, et lève ainsi les
soupçons. Ainsi, malgré des suspicions très fortes, personne ne pourra venir en
aide à Diana, puisqu’il faut des preuves, et non des soupçons. Et les plantes
de pieds couvertes de brûlures et d’infections, qui provoqueront une
hospitalisation, ne seront pas non plus suffisantes. Et c’est un calvaire sans
nom que va vivre cette enfant, qui ne dénoncera pourtant pas ses parents, et
que personne ne parviendra à sauver.
La Maladroite est
un livre très difficile. Dès les premiers mots, nous savons pertinemment que Diana
est perdue, et que les témoignages qui vont se succéder vont nous relater l’impuissance
de l’entourage de Diana. Sa grand-mère ne peut rien faire, car sa fille finit
par couper contact avec elle et sa sœur, déménageant sans leur signaler.
Viennent ensuite l’institutrice et la directrice de l’école. La maîtresse tente
de faire parler Diana, elle consigne même sur papier les sévices qu’elle
subodore, mais le médecin scolaire croit aux explications du père de famille :
la petite souffre d’une maladie immunitaire, et les yeux extrêmement gonflés qu’elle
arbore ne sont qu’une simple conjonctivite. Puis les parents prennent la
décision de déménager, et même si la nouvelle directrice alerte les bureaux de
l’aide sociale à l’enfance ainsi que la gendarmerie, ils restent tous
impuissants : Diana dit que tout va bien, qu’elle est juste extrêmement
maladroite, son père, sa mère et son frère tiennent un discours identique, au
détail près, pour expliquer le moindre bleue de la fillette.
Alexandre Seurat nous raconte ceci avec beaucoup de
distance. Il n’exprime en aucun cas son opinion, et tout cela nous est livré
tel un témoignage, une enquête dans laquelle les différentes parties
prendraient tour à tour la parole. Ceci nous offre une lecture extrêmement
émouvante et difficile. Mais une fois la dernière page tournée, j’ai appris qu’il
ne s’agissait pas d’une œuvre de fiction, mais d’un fait divers, et que le
calvaire qui nous est relaté est celui de Marina Sabatier. Et là, c’est tout
simplement insoutenable. Je pense pouvoir affirmer que La Maladroite est le livre le plus dur que je n’ai jamais lu. C’est
pourquoi il m’est impossible de le noter, car je ne peux pas dire que les
sévices endurés par une enfant – qui se terminent de la façon la plus
abominable qui soit – soient un récit plaisant. C’est cependant un ouvrage nécessaire
pour sensibiliser le plus grand nombre, qui soulève le problème de l’impuissance
des institutions, qui ne peuvent rien faire tant qu’elles n’ont pas de preuves
tangibles.
Effectivement il a l'air très dur !!!! Bises
RépondreSupprimerIl l'est !
SupprimerCe roman est très dur mais très beau aussi, un premier roman très fort en émotion !
RépondreSupprimerPour être fort en émotions... il l'est !
SupprimerJe m'en souviendrai de celui-là... Mais je suis bien contente de l'avoir lu quand même !
RépondreSupprimerJ'ai exactement le même ressenti !
SupprimerJe le lirai !
RépondreSupprimerTu as raison, c'est un livre à lire... Mais attention, lecture difficile !
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